Port Grimaud aout 69

Port - Grimaud, août 69 ; à la terrasse d'un café, deux adolescentes observent les touristes qui flânent. Une superbe voiture s'arrête en face d'elles. Une bande joyeuse en descend : les musiciens de POLNAREFF lâchés dans la nature. L'aînée des deux remarque tout de suite un brun moustachu marrant. Il s'installe à sa table et lui déclare : « Mademoiselle, vous êtes très jolie. Voulez-vous m'épouser ? Elle se contente de répondre «oui » !...»

Pendant les huit années qu'ils passent ensemble, Joëlle et Serge ne se marient pas. Mais avoue que l'entrée en matière était prometteuse !

Joëlle Shoupay-Mogensen a 16 ans. Sa famille est depuis peu à Port-Grimaud après avoir vécu successivement à New York, où Joëlle est née, puis au Danemark, le pays de son père. Joëlle a trois sœurs, elle mène une vie d'adolescente normale, joue de la guitare, suit les cours des Beaux-Arts de Marseille, et profite de la mer et du soleil. Lorsque Serge lui propose de tout abandonner pour le suivre à Paris, elle accepte. Pour vivre, le jeune couple exerce mille petits boulots car Polnareff malade, Serge est licencié. Ils rêvent tous deux de faire un 45 tours et y parviennent. Mais «Je rêve qu'ils enregistrent sous le nom de « Serge Koolen et Joëlle » est un bide total. Pour se remettre, les deux jeunes gens partent sur la Côte d'Azur où ils retrouvent Richard DEWITTE, l'ami d'enfance de Serge. Il est lui aussi un ex-musicien de POLNAREFF. Richard compose. Il leur fait écouter une de ses chansons, « Rien qu'un ciel ». Joëlle et Serge craquent.»,

Ils décident alors de former un groupe. Manquent deux membres. Où les trouver ? Au Golf Drouot ! Lionel et Jean-Louis recrutés, le travail commence.

Joëlle choisit le nom du groupe, « II était une fois par superstition, parce que, dit-elle, dans les contes de fées tout se termine toujours bien.»,

" Rien qu'un ciel" Un tube terrible. Le groupe plaît. « Nous étions des petits français bien propres, raconte Richard Dewitte, avec une musique agréable. Le public attendait un groupe dans ce style.depuis un moment. Le contact est immédiat. Joëlle ? Ravie. Elle aime Serge, elle aime son métier, elle connaît le succès. Elle a un immense besoin de plaire à tous. Je ne sais pas comment elle se débrouille, mais elle est toujours en avance d'une mode.

« Nous étions fiers d'elle bien entendu. C'était une fille gaie, sympa, fonceuse, dynamique. Elle était le moteur du groupe, mais lorsque les médias parlaient de « Joëlle et ses musiciens », c'était un peu exagéré !»

Et puis tout craque pour Joëlle. Sa rupture avec Serge, d'abord, et six mois plus tard, la fin du groupe.

L'ambiance devenait insupportable depuis la séparation de Serge et Joëlle. Nous avions envie de poursuivre, mais chacun de notre côté. L'un voulait faire du rock, l'autre s'occuper de courses automobiles, ou bien, comme moi, faire une carrière solo.

Après huit ans de succès, c'est donc la fin du groupe. Joëlle le supporte mal, mais en prend son parti.

Elle tente de se faire un nom, mais elle déchante un peu : le public est méfiant et le succès est long à venir.

En 1980, elle obtient un commencement de réussite avec « Tu sonnes » qui se vend bien. Mais Joëlle est dépressive. Elle rencontre des difficultés à tous les niveaux (sentimentaux et professionnels). Elle met toutes ses tripes dans son dernier 45 tours «Aime-moi». Le samedi 15 mai 1982, Joëlle est morte. Une mort de toute évidence accidentelle, ses amis sont unanimes sur ce point : « Elle était trop optimiste, elle aimait trop la vie pour se suicider. » Mort inexpliquée ? D'accord ! mais qui nous prive d'une artiste attachante par ses côtés solides et vulnérables à la fois. La chanteuse de charme quitte la scène à 28 ans. C'est stupide, c'est triste mais Joëlle laisse de nombreux fans qui ne l'oublient pas...

Marie-Christine LEYRI

Merci à Richard Dewitte et à Jean-Jacques Frances pour leur participation à la réalisation de cet article.