Il était une fois Joëlle Mourir à trente ans

                    Il était une fois Joëlle

Mourir à trente ans

Après une soirée passée avec des amis, elle s'est endormie à 5 heures du matin, Samedi dernier.

Elle ne s'est pas réveillée et les causes de sa mort étaient toujours inconnues au moment où nous méttions ce journal sous presse.

D'un simple prénom, Joëlle avait fait sa signature, celle de la soliste du groupe "Il était une fois" - cinq copains, quatre garçons et une fille, qui avaient, entre 1972 et 1980, multiplié les succès, de rien q'un ciel à j'ai encore rêvé d'elle, en passant par les filles du mercredi.

Pris de l'envie de faire carrière chacun de leur côté, ils s'étaient professionnellement séparés en 1979, sans se perdre de vue pour autant.

Joëlle avait alors entamé une carrière d'interprète et, jusqu'ici, n'avait pas encore obtenu les résultats qu'elle attendait. Travaillant énormément, écrivant des chansons, cherchant sans cesse à faire évoluer son personnage, elle trouvait peu à peu le chemin qui devait lui permettre de réaliser son rêve, être la vedette d'une commédie musicale.

Joëlle Choupay-Mogensen était née à New York le 3 février 1953 et, suivant ses parents, était venue vivre en France à l'age de 9 ans. Après avoir passé son bac, elle avait commencé des études de déssin aux beaux-arts de Marseille.

C'est à 16 ans que se produit l'événement qui va motiver le reste de sa vie. A Saint-Tropez, où elle passe ses vacances, elle recontre un jeune musicien, un guitariste qui, entre autre, accompagne sur scène Michel Polnareff, Serge Koolen. De leur amour naîtra d'abord un duo, simplement baptisé Serge et Joëlle, avant que d'autres musiciens, Lionel, Richard, et Loulou les rejoignent pour former "Il était une fois". Le succès est immédiat et l'équipe parfaitement soudée : Serge écrit les paroles des chansons, Richard Dewitte la plupart des musiques et le groupe, entre deux enrégistrements, se produit à travers la France, la belgique , et la suisse. Les disques d'or se multiplient, les galas aussi, jusqu'à ce que l'usure de la scène et de leur formule leur fasse prendre la décision de se séparer.

La réussite de Joëlle ne lui avait jamais fait perdre une simplicité que personne ne lui contestait. Dans la rue, c'est elle, et non pas les garçons, que l'on reconnaissait ; dans les clubs, elle était toujours la première à se précipiter surla piste au milieu des autres danseurs pour leur communiquer sa joie de vivre.

Voici deux ans elle avait décidé de repartir à zéro. Elle s'était mise, pour la première fois de sa vie, à écrire des chansons, en Français et en anglais puisqu'elle pratiquait couramment ces deux langues ; elle avait imaginé d'un bout à l'autre un spectacle qu'elle comptait présenter à la fin de cette année, et au fil duquel elle voulait démontrer ses talents de chanteuse, de commédienne et de danseuse. Elle rêvait de faire du cinéma et préparait des scénarios, de véritables contes de fées se déroulant dans un monde de musique et de rêve ; de temps à autre, elle animait des shows à la télévision.

Cette seconde carrière ne se présentait pas aussi facilement que certains auraient pu l'imaginer. Elle avait décidé de changer de style et avait tâtonné avant de trouver le bon chemin. Elle s'était coupé les cheveux, puis les avait laissés repousser. Elle ne portait guère dans son coeur, et ne le cachait pas, les gens du show-business.

Sportive, elle faisait de la gymnastique plusieurs fois par semaine, pratiquait le jogging et avait remporté de nombreuses épreuves de courses à piéd, de natation et même de tir à l'arc, au cours des compétitions amicales où s'affrontent régulièrement des vedettes du spectacle.

Le soleil et l'eau constituant chez elle des besoins vitaux, elle s'arrangeait pour partir, plusieurs fois par ans, quelques jours le plus loin possible de la grisaille parisienne : Bahamas, Californie, îles Maurice...Surveillant sa nourriture en appliquant des principes de détiétique, mais aussi amoureuse de la bonne chère et des vins millésimés, elle était une très bonne cuisinière et réservait à ses intimes des plats qu'elle mitonnait pendant des heures.

Depuis six mois, elle répétait toutes les nuits dans son studio de Neuilly, travaillait sa voix, et ne sortait de chez elle que pour dîner en compagnie de quelques amis, consacrant toute son énergie à l'album qu'elle préparait.

                                                    Jacques Pessis

Photos du magazine dans l'album